Establishment of a Cancer Registry in Senegal: Preliminary results
Mise en place d’un registre de Cancer au Sénégal : Résultats préliminaires

S. Baldé1, O. Ba1, M. Diop2, A. Boye1, G. Diouf1, T. Fall1, D. Dia1, M. Mbengue1.
1 Hôpital Général de Grand Yoff, Sénégal.
2 Institut Joliot Curie de Dakar, Sénégal.
DOI: https://doi.org/10.54266/ajo.1.1.15.15

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ABSTRACT

INTRODUCTION: Senegal with the support of WHO has undertaken the establishment of a National Cancer Registry. The objective of this work was to assess the preliminary results. MATERIALS AND METHODS: We conducted a non-exhaustive preliminary study over a period of three months from January 1, 2013 to March 31, 2013 at four hospitals in Dakar. RESULTS: Two hundred and eighty-nine cases were identified. These were 127 men (44%) and 126 women (56%) with a sex-ratio of 0.8. The ages ranged from 20 to 90 with an average of 50. The main mode of diagnosis was essentially histological with 76% of cases (n=219). The most frequent locations were ENT (25%), hepatic (7%) and bronchopulmonary (4.5%). In men, liver cancer was the most common location and in women cervical cancer with 16%. Squamous cell carcinoma was the most frequent histological type with 68% of cases followed by adenocarcinoma with 22% of cases. Thirty-eight percent of the patients were classified as stage III and IV. A quarter of our patients have received palliative treatment. In contrast, 15 (15%) received chemotherapy and 4% radiotherapy. Data collection was satisfactory. CONCLUSION: Cancer is a reality in Senegal but it remains underdiagnosed. The media allow the cancer registry to be made effective across the country.
KEYWORDS: Registry; Cancer; Senegal.

RESUME

INTRODUCTION : Le Sénégal avec l’appui de l’OMS a entrepris la mise en place d’un Registre national de cancers. L’objectif de ce travail était d’évaluer les résultats préliminaires. MATERIELS ET METHODES : Nous avons mené une étude préliminaire non exhaustive sur une période de trois mois allant du premier janvier 2013 au 31 mars 2013 au niveau de quatre hôpitaux de Dakar. RESULTATS : Deux cent quatre-vingt-neuf cas ont été recensés. Il s’agissait de 127 hommes (44%) et de 126 femmes (56%) avec une sex-ratio de 0,8. L’âge variait entre 20 à 90 ans avec une moyenne de 50 ans. Le mode de diagnostic principal était essentiellement histologique avec 76% des cas (n=219). Les localisations les plus fréquentes étaient : ORL (25% des cas), hépatique (7% des cas) et broncho-pulmonaire (4,5% des cas). Chez l’homme, le cancer du foie était la localisation la plus fréquente et chez la femme le cancer du col de l’utérus avec 16%. Le carcinome épidermoïde constitue le type histologique le plus fréquent avec 68% des cas suivis de loin par l’adénocarcinome avec 22% des cas. Trente-huit pour cent des patients étaient classés stade III et IV. Un quart de nos patients ont bénéficié d’un traitement palliatif. En revanche, 15 (15%) ont bénéficié de la chimiothérapie et 4% de radiothérapie. Le recueil de données était satisfaisant. CONCLUSION : Le cancer est une réalité sous-diagnostiqué au Sénégal. Les résultats préliminaires encouragent à rendre effectif le registre des cancers dans l’ensemble du pays.
MOTS-CLES : Registre ; Cancer ; Sénégal.

INTRODUCTION

Un registre est un recueil continu et exhaustif de données nominatives intéressant un ou plusieurs événements de santé dans une population géographiquement définie, à des fins de recherche ou de santé publique, par une équipe ayant les compétences appropriées [1-3]. L’enregistrement des cas de cancer permet des études épidémiologiques sur les déterminants du cancer, sur l’exposition aux carcinogènes, ainsi que sur les effets des interventions en matière de prévention et de diagnostic précoce [1, 4]. Le Sénégal ne dispose toujours pas de registre de population comme la plupart des pays en développement [5].
Les objectifs étaient de rapporter les données préliminaires épidémiologiques thérapeutiques et évolutifs transcrites dans le registre des tumeurs.

MATERIELS ET METHODES

Notre étude avait pour cadre les quatre hôpitaux principaux de la région de Dakar : L’Hôpital Général de Grand Yoff (HOGGY), l’Hôpital Principal de Dakar (HPD), l’hôpital Aristide le Dantec, l’Institut du Cancer, l’hôpital de Fann. La période d’étude s’est étendue sur trois mois, du 1er janvier 2013 au 31 mars 2013. Les critères d’inclusion des cancers établis par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) ont été modifiés. Ainsi nous avions inclus toutes les tumeurs malignes ; pour le système nerveux central, les tumeurs de malignité incertaine et in situ. La définition des localisations de cancer a été faite selon la Classification Internationale des Maladies appliquée à l’Oncologie, 3ème édition (CIMO-3). Nous avions utilisé les dossiers des patients comme sources d’information, les données ont été recueillies sur une fiche d’enregistrement des patients préétablie et le traitement et la validité des données ont été faits selon le logiciel Wed-Dev.

RESULTATS

Du 1er janvier 2013 au 31 Mars 2013, nous avions recensé 289 cas de cancers et étudié leurs aspects épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutifs dans le cadre de l’établissement d’un registre des tumeurs au Sénégal.
Sur les 289 cas de cancers recensés, les 154 cas ont été suivi à l’Institut du cancer soit 53%, 46 cas à l’hôpital Aristide Le Dantec soit 16% et 46 cas à l’hôpital de Fann soit 16%. On remarque une légère prédominance du sexe féminin (56%) avec une sex-ratio de 0,8. Les tranches d’âge les plus touchées dans notre population de patients cancéreux ont été les 51-60 ans avec 72 cas, les 41-50 ans avec 56 cas et les 31-40 ans avec 53 cas soit un pourcentage total de 61,62% des cas. L’âge moyen tout sexe confondu a été de 50 ans. Dans la grande majorité des dossiers exploités, la profession n’a pas été notée dans 260 cas sur 289 patients. Les 243 patients cancéreux recensés, soit 84%, provenaient théoriquement du milieu urbain, 41 cas, soit 14%, du milieu rural et cinq cas soit 2% avaient une origine non précisée.
La majorité des malades ont eu un diagnostic basé sur l’analyse histologique soit 219 patients (76% des cas). Trente-deux patients, soit 11%, ont eu un diagnostic radiologique alors que 27 patients, soit 9%, ont eu un diagnostic basé sur des résultats biologiques. Sur les 219 cas, soit 76%, qui ont eu un diagnostic histologique formel, les 149 cas, soit 68%, sont des carcinomes, les 48 cas, soit 22%, sont des adénocarcinomes. Sur les 127 cas de cancer chez l’homme, soit 44% des cas, la répartition se faisait comme suit : 22 cas, soit 7,61%, étaient des cancers du pharynx, 21 cas, soit 7,26%, des cancers du foie, 15 cas, soit 5,19%, des cancers du larynx et 12 cas, soit 4,15%, étaient des cancers de la trachée, bronche et des poumons. Sur les 162 cas de cancer chez la femme, soit 56%, des cas, la répartition se faisait comme suit : 46 cas, soit 15,91%, ont présenté des cancers du col de l’utérus, 29 cas, soit 10,03%, étaient des cancers du sein, 22 cas, soit 7,61%, sont des cancers du pharynx et 10 cas, soit 3,46%, étaient des cancers de l’œsophage. Les 98 cas, soit 34% des cancers recensés, étaient au stade II, 63 cas, soit 21,70%, étaient au stade III et 48 cas, soit 16,60%, étaient au IV.
Sur les 289 cas, les 94 cas, soit 32%, ont été traités par association thérapeutique. Les 74 cas, soit 25%, ont été traités par la chirurgie seule et 47 cas, soit 16%, ont été traités de façon symptomatique seule.
A un an de leur diagnostic de cancer, la majorité des patients vivaient sans récidive.

DISCUSSION

Cette étude avait recensé 289 cas avec une légère prédominance du sexe féminin avec une sex-ratio de 0,8. Cette prédominance est comparable à celle de Ennaj et al dans la région du Grand Casablanca (Maroc) [6]. L’âge varie entre 20 et 90 ans avec une moyenne de 50 ans. La majorité des patients (181 cas, soit 63%) appartiennent à la tranche d’âge de 40 à 60 ans. Toutes les couches socioprofessionnelles sont représentées, mais le secteur tertiaire était le plus représenté. Chez l’homme, nous avions une prédominance des cancers ORL tandis que chez la femme s’était les cancers gynécologiques telle décrite par Globacan 2008 [7]. Le mode diagnostic principal était histologique (76%) comparable à celui de Sétif (88%) et celui du Nord Tunisie (89.50%) [8, 9] avec une large prédominance des carcinomes épidermoïde. L’essentiel des cancers étaient métastatiques (>70%) comme dans la plupart des pays en voies de développement [10] et à un an, 61% des patients étaient vivant et sans récidives.

CONCLUSION

Les résultats sont constants et homogènes. Les outils utilisés sont supposés fiables et les variables sont exploitables. Les recommandations peuvent être étendues dans l’ensemble des hôpitaux du pays en vue d’un démarrage effectif du registre du cancer au Sénégal.

CONFLITS D’INTERET : Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts.

REFERENCES

  1. Medical Research Council. Responsibility in the use of personal medical information for research: principles and guide to practice. BMJ 1985; 290:1120-1124.
  2. National Academy Press. For the Record: Protecting Electronic Health Information. Committee on Maintaining Privacy and Security in Health. Care Applications of the National Information Infrastructure. Washington, DC: National Academy Press; 1997.
  3. Royal College of physicians Committee on Ethical Issues in Medicine. Research based on archived information and sample. J R Coll Phys Lond 1999; 33:264-266.
  4. Guide méthodologique pour l’enregistrement des hémopathies malignes par les registres de cancer. Réseau FRANCIM, In VS, Novembre 2005
  5. Abid L. Epidémiologie des cancers en Algérie : Problématique des registres des cancers : Journal Africain du registre. 2009 Fév ; 1 (2) : 98-103
  6. Zinsou CP, Fourn L, Zohoun T. Aspect épidémiologique des cancers au Centre National Hospitalier de Cotonou. Médecine d’Afrique noire. (5), 37,1990.
  7. Globocan 2008: Estimated âge standardised incidence and mortality rates.
  8. Boussen M. Registre des cancers Nord Tunisie 1995-1998. Publication 2004,134p
  9. Registre des cancers Sétif Algérie 1993-1997. Publication 2004.
  10. Dem A, Dieng MM, Traoré B, Gaye M, Diop M, Touré P. Squamous cell carcinoma of the uterine cervix at the Dakar Cancer Institute. Sante. 2008 Jan-Mar; 18(1):31-3.